Ilya Green

Portrait

Je viens d’un village provençal perché sur une colline du Lubéron. Le village est d’un côté, et la colline est comme un bateau, quand on en fait le tour, c’est le chemin du Crapaud. On l’appelle comme ça dans notre famille, on ne sait plus trop pourquoi. Il y a là, caché, au détour des chemins : la joie, des vignes abandonnées, des cerisiers très anciens, un grand dinosaure de pierre, le thym la marjolaine et la sarriette, des tout petits escargots blancs, le lichen et les buis et, plus loin, par là-bas, un champ de souches qui communique avec tout un monde souterrain, les hurlements des chiens, leur maison, leur cimetière.

C’est notre colline.


On vit dans une vieille maison de village, au milieu d’objets inquiétants, les personnages sont enfermés depuis longtemps dans leurs tableaux et nous observent. Mon père est antiquaire, ma mère est américaine. Je suis l’aînée de 4 enfants.

Les loups de la montagne ont disparu, mais quand je dors, ils reviennent toujours dans ma chambre, en passant par la fenêtre ou en surgissant d’une grotte qui n’est là que la nuit. Le rêve et la réalité souvent mélangés, je me suis saisie des figures qui me hantaient et je leur ai donné un corps de papier…



J’ai toujours aimé dessiner, depuis le début. Écrire des histoires m’a semblé, vers 8 ans, une sorte de magie merveilleuse ou sombre qui rendait la vie plus intéressante.

C’est une sorte de théâtre mental, des impromptus, des histoires qui se racontent dans ma tête, des rêves, la musique des mots, des images projetées dans l’obscurité de mon esprit ou qui apparaissent toutes seules sur le papier, les dialogues avec un ami imaginaire, tout ce petit monde qui vient me donner la matière pour créer …et concevoir des livres.


Alors, j’ai depuis très longtemps, toujours un carnet sur moi, au cas où ça deviendrait intéressant.

J’ai fait des études de lettres qui ne m’ont pas passionnée, suivi des cours de cinéma que j’aurais vraiment voulu continuer, puis les Beaux-Arts (plutôt tendance art contemporain)… pour finalement raconter des histoires d’enfant. J’ai ensuite cherché, travaillé, écumé pour trouver un langage graphique qui m’a permis de développer mon travail en illustration…


Je vis maintenant dans le sud des Cévennes, avec mon petit garçon, dans une maison au pied des montagnes.

Je partage depuis peu un espace de travail au Vigan avec une compagnie de théâtre, la Compagnie Amarante et une graphiste, Juliette Villerabel. Cela nous amène à travailler parfois ensemble, et ça me permet d’explorer d’autres domaines… C’est ainsi qu’un spectacle, « Chiffons sous la pluie », a vu le jour, mélant illustration, animation retro-projetée et joué par Colinda Ferraud.



Entre deux albums, affiches ou commandes j’aime reprendre des expérimentations graphiques, parfois en lien avec l’édition jeunesse, parfois pas…

Ilya Green, mars 2015

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